L'union fait sa force
Ce jour-là, la mariée était en rose, et ça faisait mal aux yeux. Il faut dire qu’on l’attendait sinon en blanc, au moins en écru, en camel ou en marine. Sobre et classe, comme les robes qui ont fait son nom. C’était présager le meilleur de Delphine Manivet. Or les mariées sont ainsi faites qu’elles signent des deux mains - l’une pour le meilleur, l’autre pour le pire. Le pire, c’était donc cette combinaison proche du fluo, sur un string en dentelle qu’on faisait plus qu’imaginer. «Huit dollars dans une friperie à Los Angeles», précise-t-elle quand on lui demande des explications. Et toc : dit comme ça, c’est la combi qui est in, et la journaliste qui est out. Il n’empêche que si elle avait porté autre chose, on l’aurait trouvée moins fifille. Le fait qu’elle appelle ses collaboratrices «minette» et leur tombe dans les bras pour leur dire bonjour serait mieux passé - sans parler des caquètements, émis tête rentrée dans les épaules, entre chaque série de clichés pris par le photographe c…
Lire l'article →L'espionne est-elle l'avenir de l'espion?
9 mars 2011, siège du gouvernement, Séoul, Corée du Sud. Un responsable du bureau du Premier ministre annonce l’ouverture d’une enquête au sein du consulat sud-coréen à Shanghaï. Au moins quatre diplomates, dont le consul général lui-même, auraient entretenu une liaison avec Deng Xinming, une Chinoise de 33 ans. La jeune femme aurait usé de son influence pour obtenir des visas destinés à des travailleurs chinois ainsi que des informations confidentielles comme les numéros de portable d’environ deux cents hauts responsables politiques sud-coréens. 2 décembre 2010, Londres, Royaume-Uni. Les services de police et d’immigration britanniques arrêtent l’assistante russe de Mike Hancock, un député membre de la commission chargée de la Défense au sein du Parlement. Pour le MI5, Katia Zatuliveter, 25 ans, est un "agent dormant" opérant pour le compte des services de renseignement russes. 8 juillet 2010, tribunal fédéral, New York, Etats-Unis. La juge Kimba Wood ordonne l’expulsion immédiate d…
Lire l'article →Les détenues s'évadent en beauté
« Les barreaux sont imprimés dans mes yeux. Ici, c’est le seul endroit où je ne les vois pas, où j’arrive à oublier. » Ghizlane est assise, les cheveux mouillés, dans le tout nouveau salon de coiffure et d’esthétique installé dans le quartier des femmes de la maison d’arrêt de Strasbourg. D’habitude, le matin, elle travaille aux ateliers de la prison : pour « entre 30 et 300 euros net par mois », elle pèse des sacs de gros sel, les ferme et les étiquette. Arrêtée quelques jours après s’être légèrement brûlée à la main, elle en profite pour se refaire une beauté : aujourd’hui ce sera une coupe et un brushing, « juste pour rafraîchir ». Elle ne déboursera pas un centime - dans cet institut, toutes les prestations sont gratuites. Le lieu est ravissant. Lorsque les rideaux sont tirés, et que le soleil ne révèle pas sur eux l’ombre des barreaux, on s’y croirait : dans un « vrai » salon de beauté. « Dehors ». À en croire Ghizlane, la pièce fait « deux fois » sa cellule, soit environ dix-hui…
Lire l'article →"J'accuse"
Elle dit que les gens la comparent souvent à sa tante Benazir : la beauté et la force de caractère, sans doute. Maintenant qu’on l’a devant nous, c’est davantage à son père Murtaza que l’on pense. De lui, Fatima Bhutto a hérité l’idéalisme, et une élégance folle. Née à Kaboul cinq ans après le coup d’État de Zia, la jeune Pakistanaise habite aujourd’hui Karachi. Diplômée de l’École des études orientales et africaines de Londres, elle vit de l’écriture journalistique (The Daily Beast, New Statesman) mais surtout littéraire – à 28 ans, elle a déjà publié un recueil de poèmes et un roman. Inutile de la brancher sur sa prétendue liaison avec George Clooney début 2009 : Fatima Bhutto est venue à Paris parler de son dernier livre, Le Chant du sabre et du sang, dans lequel elle rend responsables du meurtre de son père, abattu par la police en 1996, sa tante Benazir, alors Premier ministre, mais aussi son époux, Asif Ali Zardari, aujourd’hui président du Pakistan. Rencontre.
Lire l'article →La belle apeurée
Le premier quart d’heure est une épreuve. Pensant bien faire, Tasha de Vasconcelos a enregistré sur son smartphone les idées fortes qu’elle veut communiquer. Exemple : «Je n’ai jamais autant travaillé qu’aujourd’hui.» A 44 ans, elle continue d’enchaîner les campagnes comme égérie des marques. Cramponnée à son téléphone comme un bébé nageur à sa bouée, elle enchaîne les phrases toutes faites, sans rapport, ni transition. «Je suis terrorisée par cette interview», se justifie-t-elle dans un français mal assuré. Elle sanglote puis repart, «Tou sais ?» sur complètement autre chose. Plus elle nous parle, plus elle nous perd, jusqu’à ce que l’on se décide à commettre l’impensable : lui demander de se taire. «Maintenant vous respirez un grand coup et vous me laissez poser mes questions.» Elle s’excuse, mortifiée. Au fond, on n’en mène pas large non plus, mais il faut bien faire son boulot. A ce stade : déterminer si le top-model assis devant nous est un esprit creux, ou azimuté. Pour ce faire…
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