Hipster sait faire un bon café
Dit comme ça, on a du mal à croire qu'il puisse s'agir d'une bonne nouvelle, et pourtant : le "café qui coule" est de retour. Il n'y a qu'à compter le nombre de coffee shops (une vingtaine) ayant ouvert à Paris ces trois dernières années. Et écouter leurs baristas, ces sommeliers new age formés à San Francisco, Melbourne ou Oslo, s'enflammer pour les crus d'origine qu'ils préparent, et servent, dans d'étonnantes cafetières filtre en forme de carafe. "En France, on a toujours eu la culture du petit noir, ce shot de café qu'on prend le matin pour se réveiller", explique Daniela Capuano, de L'Arbre à café. En 2012, plus de 25 % des Français possédaient une machine à expresso. Sans parler de l'image de tocard dont souffrent les jus longs et clairs, que l'on associe un peu vite aux chaussettes de papa. Un "malentendu" que regrette la barista, pour qui "les machines à filtre et à piston produisent un café net et délicat, dont il est plus facile de distinguer les arômes". Logique, quand on y …
Lire l'article →Hermine d'hiver
A un moment, elle a crié «Je sais pas qui c’est !», comme si ce n’était pas l’interphone, mais son heure, qui avait sonné. Justine Lévy a peur de tout. Du photographe en bas, des journalistes, des terroristes, des allergies alimentaires, d’Ebola, des escaliers, du gaz carbonique, de l’échec, de l’imprévu, de déranger, de dire des bêtises, de sortir. La fille de Bernard-Henri Lévy se raconte en dépiautant l’étiquette de sa bouteille de Coca Zéro, et malgré ses Nicorette, son slim brut et ses brusques esclaffements, on le voit que c’est une hermine d’hiver, blanche, précieuse, alerte soudain quand l’idée la traverse qu’on est là pour lui faire la peau. Son appartement de Saint-Germain-des-Prés, elle pourrait s’y terrer vingt-quatre heures sur vingt-quatre. «Je suis trop névrosée pour considérer que je suis la maîtresse de ma vie», balance-t-elle, sans honte ni détour.
Lire l'article →Le gang anti-adultères
Garée en contrebas, au bout de Fernwood Drive*, Bree tire sur sa cigarette électronique en discutant au téléphone avec sa collègue Katie, stationnée à l'autre extrémité de la rue. À mi-chemin entre elles deux, sur la pelouse du pavillon numéro 157, un trentenaire prénommé Matt fait griller des ribs sur son barbecue, sans se douter une seule seconde que les jeunes femmes avec qui il a sympathisé le weekend dernier sont là, tout près, à guetter ses allées et venues. Une quatre roues motrices encombre l'accès à la porte d'entrée : son colocataire est à la maison lui aussi. "Qu'est-ce qu'on fait? On passe à pied devant chez eux?", demande Katie. Bree hésite : "Tu n'as pas peur que ça fasse un peu gros?". Cela fait une semaine que les deux détectives privées surveillent leur nouveau "sujet". Mandatées par son ex compagne, inquiète pour la sécurité de leur fille, dont il a la garde pendant les vacances, Katie, 25 ans, et Bree, 22, ont pour mission de recueillir les preuves de son irresponsa…
Lire l'article →Lumineuse apparition
C'est une phrase de rien, lâchée comme ça, entre deux portes, alors qu'interrogé sur la marque de sa veste (inconnue au bataillon), Thomas Jolly, 32 ans, se plaignait de ne jamais trouver de vêtements à sa taille, qu'il a très fine. Une phrase de rien qui, bizarrement, reste longtemps après l'interview, comme un coup de laser appuyé sur la rétine. "Je suis phosphorique." Soit, en homéopathie, l'un des trois profils de base désignant à raison, en ce qui le concerne, les sujets longilignes, sensibles et créatifs. Mais aussi un synonyme de phosphorescent, cette faculté tellement géniale qu'ont les vers luisants à rayonner dans la nuit. Ajoutez à cela l'expression "extrêmement solaire" choisie par son mentor, Stanislas Nordey, pour qualifier son ancien élève de l'école du Théâtre national de Bretagne (TNB), et nous voilà convaincue que notre portrait du remuant Jolly, acteur et metteur en scène délicat révélé au dernier festival d'Avignon, sera lumineux, ou ne sera pas.
Lire l'article →À la Patte d'oie, la palme de la création
Thomas Grougon finit d'assembler les pièces de plastique. D'ici quelques minutes, l'objet devrait prendre forme, et le miracle se produire. Trois mois déjà que cet employé du fab lab Artilect travaille sur le projet d'Alain Molinier, un ancien salarié agricole amputé des cinq doigts d’une main après un accident de travail. Thomas Grougon a trouvé des plans de pièces détachées en open source sur Internet, qu'il a adaptés au volume du poignet et de la paume d’Alain Molinier. Puis il a commandé le plastique, paramétré l'imprimante 3D, et il a attendu. Trente heures d'impression ont été nécessaires pour obtenir les pièces qu'il entreprend de visser. Entouré de sa femme et de son fils, Alain Molinier enfile pour la première fois la pince qui lui fait désormais office de main. Pour l'instant, le prototype demeure purement mécanique : la pince se serre quand il plie le poignet.
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